Avec plus de 60 000 actes par an en France, la chirurgie colorectale représente une part importante des interventions réalisées en chirurgie digestive.
L’unité de chirurgie colorectale du service de chirurgie viscérale et digestive accueille les patients présentant des pathologies bénignes et malignes du colon et du rectum.
Programme personnalisé de soin, programme ERAS
Les patients pris en charge dans le service suivent un plan personnalisé de soins, ils peuvent bénéficier d’un accompagnement du moment de la consultation préopératoire jusqu’au jour de l’opération grâce à une infirmière dédiée et à une application numérique qui fournit une checklist pour l’aider à s’organiser, des documents explicatifs (PDF ou vidéo) sont mis à sa disposition sur le site internet pour lui indiquer comment se préparer et comment se déroulera la phase préopératoire. Encore plus pratique : il reçoit des notifications, lui indiquant les différentes tâches à ne pas oublier : rendez-vous avec l’anesthésiste, régime, activité physique, etc.
Tous le patients sont inscrits dans un itinéraire de réhabilitation accélérée, le programme ERAS (Enhanced Recovery After Surgery) répondant aux meilleurs standards médicaux qui est certifié et pratiqué dans le service depuis 2015.
Il s’agit d’une prise en charge périopératoire standardisée, multidisciplinaire (chirurgien, anesthesiste, infirmière dediée, stomathérapeute, diététicienne) et basée sur l’évidence qui a pour but la réduction du stress chirurgical, les complications postopératoire, le taux de rehospitalisation et qui permet au patient une reprise plus rapide de son autonomie et de sa qualité de vie.
Une prise en charge innovante
Grâce au cadre unique du Service par sa collaboration avec l’IRCAD (Institut de Recherche contre les Cancers de l’Appareil Digestive) et l’IHU (Institut Hospitalo-Universitaire de chirurgie guidée par l’image) pour lequel le Pôle Hépato Digestif est le pôle de référence, le patient peut bénéficier d’une prise en charge et des traitements les plus innovants.
Tous les cas des patients sont discutés dans une réunion spécialisée dédiée à la chirurgie colorectale. En outre, les dossiers des patients atteints d’un cancer sont discutés dans une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) de cancérologie digestive qui permet d’établir un programme personnalisé de soins (PPS). Ce document résume les différentes étapes du traitement spécifiquement préconisé pour le patient, qui peut à tout moment demander toutes les précisions nécessaires.
Diagnostic rapide
Le service a développé un programme de raccourcissement du parcours de soins pour le patient pour toutes les différentes spécialités de la chirurgie digestive. Grâce à un plateau technique d’imagerie de dernière génération localisé à l’IHU (Plateforme d’imagerie médicale de l’IHU / contact par email à l’adresse imagerie@gi2s.eu ), toujours accessible, le temps entre la première consultation et la chirurgie sont réduits.
Pathologies bénignes
- Diverticulose du colon, et ses complications : diverticulite, sigmoïdite
- Maladies inflammatoires du côlon et de l’intestin, Rectocolite Ulcero-Hémorragique(RCUH), Maladie de Crohn
- Endometriose
- Proctologie (hémorroïdes, fistules, fissures)
Pathologies malignes
- Cancer du colon
- Cancer du rectum
- Cancer de l’anus
- Récidives tumorales complexes
Troubles fonctionnels
- Prolapsus rectal
- Incontinence anale
L’équipe chirurgicale
- Responsable : Pr Didier MUTTER
- Adjoint : Dr Anonio DURSO
L’équipe médicale
- Responsable : Pr François HABERSETZER
Cancer colorectal
La France fait partie des pays ou l’incidence de cancer du côlon et du rectum est élevée, à l’instar des autres pays d’Europe de l’Ouest, des États-Unis, de l’Australie et, plus récemment, du Japon.
En France, le cancer colorectal se situe, tous sexes confondus, au troisième rang des cancers les plus fréquents: le second chez les femmes et le troisième chez les hommes. Il survient en grande majorité chez les personnes âgées de 50 ans et plus, mais peut atteindre des patients très jeunes. Parmi eux, 5 % concernent des patients “dits à très haut risque”, qui présentent une prédisposition génétique à cette maladie.
D’après les estimations de différentes études, le nombre de cancers colorectaux devrait augmenter dans les prochaines années pour atteindre 45 000 nouveaux cas annuels en 2020.
Malgré les progrès de la médecine qui ont permis de mieux connaître les mécanismes de développement des cancers, les causes du cancer colorectal ne sont pas parfaitement connues.
La plupart des cancers semblent être le résultat d’un ensemble complexe de facteurs
On définit 3 niveaux de risque de développer un cancer colorectal :
Personnes à risque moyen de cancer colorectal
Le cancer colorectal est très rare avant 40 ans. Les hommes et les femmes de plus de 50 ans sont considérés comme des individus à risque moyen avec un risque qui augmente progressivement. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 70 ans.
Personnes à risque élevé de cancer colorectal
Les personnes qui ont déjà eu un cancer colorectal ou un adénome de plus d’un centimètre.
Les personnes dont un parent du premier degré (père, mère, frère, sœur, enfant) a été atteint d’un cancer colorectal ou d’un adénome de plus d’un centimètre avant 65 ans, et celles dont deux parents ont été atteints quel que soit l’âge au moment du diagnostic.
Les personnes atteintes de maladie inflammatoire chronique de l’intestin étendue au moment du diagnostic et évoluant depuis plus de 10 ans.
Personnes à risque très élevé de cancer colorectal
Les personnes atteintes de polypose adénomateuse familiale (PAF). La PAF est une maladie génétique qui se manifeste par la formation de plusieurs centaines de polypes dans le côlon, dès l’adolescence. Le risque d’avoir un cancer est quasi systématique si aucun traitement préventif n’est apporté.
Les personnes atteintes du syndrome de Lynch (ou HNPCC). Le syndrome de Lynch est dû à plusieurs types d’anomalies génétiques, qui se manifestent par la survenue de cancers du côlon, du rectum ou d’autres organes (endomètre notamment).
Facteurs de risque ambientales
- Inactivité physique
- Obésité
- Alcool
- Tabac
- Alimentation riche en viande rouge et/ou viandes transformées
- Alimentation faible en fibres
- Comportement sédentaire
- Diabète
Dépistage / diagnostic
Le diagnostic repose sur la coloscopie avec biopsie. Le bilan d’extension nécessite d’autre examens radiologiques comme l’Écographie, le Scanner, l’IRM et dans des cas particuliers le PET-Scanner.
Même si le nombre de cas de cancer colorectal par an reste stable, on observe une baisse progressive de la mortalité, grâce aux progrès des traitements et au développement des campagnes de dépistage.
La résection chirurgicale du cancer du colon et du rectum est le traitement de référence. Il bénéficie aujourd’hui de nombreuses innovations, ayant pour objectif de réduire la gravité et les complications du geste chirurgical. Outre l’abord conventionnel, la chirurgie peut être effectuée par voie mini-invasive sous coelioscopie (ou laparoscopie), par voie robotique et dans certains cas par les voies naturelles (voie transanale).
Maladie diverticulaire
Cette maladie est le plus souvent traitée médicalement. Néanmoins, il reste des indications à une intervention d’exérèse du colon diverticulaire en cas de complications ou de récidive. La diverticulite est l’infection des diverticules, à l’origine de douleurs inhabituelles, intenses associées à de la fièvre. Le diagnostic est alors confirmé par une bilan biologique qui confirme l’infection, et par un scanner qui évalue la gravité de l’atteinte du colon sigmoïde. Les diverticules enflammés, peuvent perforer soit sous forme d’abcès : infection localisée au contact du côlon, soit sous forme de péritonite avec contamination de l’ensemble de la cavité péritonéale.
D’autres complications peuvent survenir comme des fistules (communication du côlon avec un organe de voisinage tels la vessie, l’intestin grêle ou le vagin), de sténose (un rétrécissement inflammatoire du diamètre du côlon qui peut faire suite à l’infection) ou de saignement.
Maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI)
La maladie inflammatoire chronique de l’intestin (Maladie de Crohn et Rectocolite Ulcéro-hémorragique ou RCUH) touche des personnes de tout âge, mais apparaît en général avant l’âge de 30 ans, le plus souvent entre 14 et 24 ans. Quelques personnes ont leur première poussée entre 50 et 70 ans. La MICI est plus fréquente chez les personnes originaires d’Europe du Nord et les Anglo-Saxons. Les deux sexes sont pareillement concernés par la MICI. Les parents au premier degré (mère, père, sœur ou frère) des personnes atteintes de MICI ont 4 à 20 fois plus de risque de développer une MICI. La tendance héréditaire est beaucoup plus élevée dans la maladie de Crohn que dans la rectocolite hémorragique.
Le traitement est principalement médical. La chirurgie est nécessaire en cas de complications ou échappement au traitement médical chez plus de 60 % des patients atteints de maladie de Crohn et près de 30 % des malades atteints de rectocolite hémorragique. Dans la maladie de Crohn, la chirurgie n’est pas curative puisque la maladie peut récidiver sur un autre segment digestif. Les objectifs du traitement chirurgical sont de traiter au mieux les symptômes ou les complications en limitant l’étendue de la résection intestinale, afin de préserver le schéma corporel et la qualité de vie.
Dans la rectocolite hémorragique, la chirurgie sous forme d’une colo-proctectomie totale (résection de l’ensemble du colon et du rectum, avec rétablissement de la continuité digestive entre l’intestin grêle et l’anus) est considérée comme potentiellement curative puisque la maladie ne touche que le côlon et le rectum. Les objectifs du traitement chirurgical sont de réaliser une résection de l’ensemble de la muqueuse colorectale potentiellement malade. L’objectif est de contrôler les symptômes et de prévenir le risque de dégénérescence vers un cancer tout en préservant la fonction sphinctérienne.
Endométriose à localisation digestive
L’endométriose est une affection dont l’origine est gynécologique. Depuis les dernières années, de nombreux progrès ont été fait pour comprendre les causes et l’évolution de cette maladie. De nombreuses patientes doivent être opérées. L’équipe de chirurgie colorectale intervient pour les localisations recto sigmoïdienne, parfois grêle, caecale ou appendiculaire de l’endométriose, en partenariat avec l’équipe du Chirurgie Gynécologique du CHU de Strasbourg (Service du Professeur Akladios).
Chirurgie du prolapsus du rectum et de l’incontinence anale
Les prolapsus pelviens concernent les différents organes du pelvis et sont regroupés sous le terme de troubles de la statique pelvienne. Un prolapsus le rectum peut être impliqué seul ou en association avec l’appareil génital (vagin et utérus) et la vessie. Les symptômes sont souvent liés à l’extériorisation d’une « masse » au niveau de l’anus. Une incontinence anale peut être associée au prolapsus. Les dossiers des patients sont présentés et traités en collaboration avec les équipes d’urologie et de gynécologie. La chirurgie comprend des interventions par voie abdominale laparoscopique ou robotique, ou parfois périnéales.
Proctologie
La chirurgie proctologique regroupe toutes les techniques d’interventions et de traitement des pathologies de l’anus tels que les hémorroïdes, les fistules, les fissures et les kyste sacro-coccygiens.
Le service a développé des techniques de traitement mini-invasif innovantes, en particulier pour la prise en charge des fistules et les kyste-sacro-coccygiens. Ce sont des techniques de micro-endoscopie vidéo-assistée, comme la VAFFT pour les fistules, et l’EPSIT pour les kystes sacro-coccygiens.
Mis à jour le 13/02/2024